Ça vaut la peine d’en parler!

Une mine d’or d’informations pour les parents

Répéter moins longtemps ou moins souvent … est-ce possible ?

En fait, oui ! Avant tout, il est important de comprendre que la discipline est en fait une forme de coaching à développer en collaboration avec nos enfants. Dans cette optique, l’adulte doit se dire que l’enfant devant lui a 2 ans ou 4 ans de vie et qu’il est en apprentissage ! À ce moment, pour que la collaboration se développe, il faut que l’adulte adopte des comportements et des attitudes qui permettent de le guider et de l’éduquer en lui faisant apprendre graduellement des comportements acceptables. Une fois que, comme adulte, on comprend ce rôle et l’importance qui en découle de le faire avec respect, il faut maintenant se pratiquer et le mettre concrètement en application.

Donner ses attentes et ses consignes sans répéter plus de 2 ou 3 fois

Comment ? En donnant tout d’abord le goût de collaborer

Comment donner le goût aux enfants de collaborer ? La réponse à cette question est toute simple … il faut, comme le dit si bien Brigitte Racine, auteure et conférencière en petite enfance, combler les besoins de l’enfant. Si ses besoins de base sont comblés, la relation d’attachement se fait, se solidifie et se complexifie avec les années et permet d’établir une relation basée entre autres sur la collaboration et la confiance. Brigitte Racine nous aide à penser à notre relation en expliquant que l’enfant est comme une étoile. Cette étoile a 5 branches et chacune d’elle doit être comblée tous les jours pour rayonner. Voici l’étoile de votre enfant …

Besoins de nos enfants

Comment faire rayonner l’étoile de mon enfant ?

Je dois combler son besoin …

  • … d’amour en lui donnant du temps de qualité, en l’écoutant, en lui disant que je l’aime, etc.
  • … de compétence en l’encourageant, en lui faisant vivre graduellement des succès ou des défis adaptés à ses capacités, etc.
  • … de liberté en le laissant faire des choix d’enfants, en lui donnant des responsabilités, etc.
  • … de sécurité en lui donnant des consignes courtes et claires, en expliquant mes attentes, en évitant les dangers et en le protégeant, etc.
  • … de plaisir en lui donnant l’occasion de jouer, en jouant avec lui, en lui laissant des jouets qu’il aime, etc.

L’étoile de votre enfant correspond en fait à ses besoins de base qui doivent être répondus de façon quotidienne. Lorsqu’ils sont tous comblés, son estime de soi est renforcée (l’image qu’il a de lui) et comme ses besoins sont répondus, son étoile brille, car toutes les branches sont sollicitées. S’il manque toutefois une ou deux branches à son étoile, l’impact est immédiat : les besoins de votre enfant ne sont pas répondus et à ce moment, il ne peut pas rayonner et se développer harmonieusement. Il aura même des comportements dérangeants pour tenter, par toutes les façons possibles, de vous dire occupe-toi de moi !

Alors, comment moins répéter ?

Pour illustrer comment s’y prendre, je vous propose de le faire en donnant quelques exemples. Vous pourrez par la suite les adapter à votre réalité familiale.

Amener mon enfant à ranger ses jouets

Il est bien reconnu que les enfants adorent jouer ! Ils auront donc tendance à sortir les jouets qu’ils aiment et à les laisser par terre pour en prendre d’autres. Pour arriver à les faire ranger, comment fonctionnez-vous ? Donnez-vous vos attentes à votre enfant ? Le système de rangement est-il accessible pour lui ? Peut-il prendre lui-même ses jouets pour ensuite les remettre à leur place ? À ce moment, je vous propose de vous entendre sur une façon et une consigne pour l’amener à ranger. Si pour vous c’est important qu’il range au fur et à mesure ce qu’il sort et que vous trouvez important qu’il range avant de prendre un autre jeu, eh bien dites-lui ! N’oubliez pas que le plaisir mène votre enfant et qu’il aura tendance à oublier votre consigne. Votre rôle, comme parent, c’est de lui rappeler. N’oublie pas de ranger tes poupées avant de prendre un autre jouet. Je vois que tu as terminé de jouer avec tes blocs, j’aimerais que tu les ranges avant de prendre tes bonhommes. As-tu besoin d’aide pour ranger ? Viens je vais t’aider. Etc.

Et s’il ne veut pas ranger malgré ma consigne et ma présence à ses côtés ?

C’est fort possible que cette situation se présente de temps en temps. Ce n’est pas très amusant de ranger ses jouets. C’est plus agréable d’aller en prendre d’autres, surtout si mes parents rangent pour moi ! Alors, invitez-le à ranger Viens mon chéri, nous allons ranger les autos avant de prendre autre chose ou avant de faire autre chose (regarder la télé ou autre). Ici, je vous recommande de vous approcher de votre enfant pour lui parler et de le faire doucement, ce qui met plus de chances de votre côté pour qu’il collabore. Si vous vous fâchez tout de suite, il se mettra sur la défensive et ne voudra pas vous écouter. Optez plutôt pour un ton doux, invitant et chaleureux. Offrez aussi la possibilité de l’aider, car parfois trop de jouets, c’est décourageant ! C’est aussi plus agréable de se faire aider, surtout pour des tout-petits de moins de 3 ans. Combien de fois devez-vous répéter ? En fait, une à deux fois, pas plus ! Et s’il continue de dire non ou de faire la sourde oreille malgré vos demandes et vos attitudes chaleureuses ? Eh bien, j’opterai pour une conséquence logique ici, adaptée à la compréhension de votre enfant (autrement dit, à un an, ça ne fonctionnera pas ! Faites plutôt un jeu ou une chanson pour rendre le rangement amusant et dites-vous que même s’il ne range que 2 ou 3 objets et vous le reste, il a quand même rangé et la fois d’après, il en fera probablement plus !). Voici un exemple de conséquence logique : tant que les jeux ou les jouets ne sont pas rangés, votre enfant ne peut pas prendre autre chose ou faire autre chose. Bon, alors je vois que tu ne veux pas ranger. C’est dommage, car tu ne pourras pas tout de suite prendre tes bonhommes. Il existe aussi une variante : Hum, c’est dommage que tu prennes beaucoup de temps pour ranger … il va te rester moins de temps pour jouer ou regarder la télévision.

L’idée à retenir ? C’est de vous trouver une façon acceptable et positive pour amener votre enfant à ranger. Ça ne vous sert à rien de répéter 5 ou 6 fois … il ne vous écoute plus à ce moment. C’est préférable de le dire une ou deux fois et de mettre en place des conséquences logiques qui sont reliées à la situation. Ça ne sert donc à rien de faire des menaces comme Si tu ne ranges pas tes jouets, je vais les jeter !… ou je vais les mettre dans un sac de poubelle ! Allez-vous vraiment le faire ? Est-ce réaliste de tout jeter dans la maison … allez-vous acheter d’autres jouets après en avoir jetés ? Bref, travaillez plutôt sur la situation pour mettre en place un cadre clair et des attentes précises et positives. Naturellement, cette démarche ne se fait pas en 3 jours ! Vous devrez faire preuve de patience et de tolérance et de vous attendre à des Non ! ou des crises. Gardez votre constance et je suis certaine que vous aurez à ce moment du succès !

Et s’il veut laisser son jeu sorti et pas le ranger ?

Pourquoi votre enfant vous fait cette demande à votre avis ? C’est probablement parce qu’il ne veut pas détruire ce qu’il vient de mettre en place (une construction ou autre) et qu’il veut encore jouer avec ses jouets dès qu’il le pourra. En service de garde, nous constatons souvent cette situation dans les cas où les enfants ont mis beaucoup d’efforts pour faire un casse-tête de plusieurs morceaux, lorsqu’ils ont commencé une construction et qu’elle n’est pas terminée ou même lorsque les enfants ont placé minutieusement leurs bonhommes et accessoires dans une maisonnette. Ce que nous proposons à l’enfant c’est de laisser leur construction sur le comptoir ou encore sur le dessus d’une armoire, bref, nous tentons le plus possible de répondre à la demande de l’enfant. À la maison, c’est à vous de voir comment vous pouvez accéder à ce type de demande. Peut-être que vous pouvez utiliser un bout de votre comptoir, une petite table dans la salle de jeux, bref un endroit précis qui ne dérangerait pas votre fonctionnement familial.

Susciter la collaboration à l’habillage ou au départ de la garderie

Que faire si mon enfant refuse de collaborer pour s’habiller ? Ici, il est également important de savoir pourquoi il s’oppose à votre demande. Est-ce parce qu’il veut le faire de lui-même ou parce qu’il a le goût de jouer, de vous taquiner et d’attirer votre attention ?? Pour aider votre enfant à vivre un habillage sans grande bataille entre vous et lui, il est très important que vous preniez 1 ou 2 minutes pour comprendre ce qui se passe. En sachant pourquoi il refuse de collaborer, il sera plus facile pour vous d’intervenir sur le geste et la situation.

Par exemple, il refuse de collaborer parce que …

  • il veut s’habiller de lui-même … et vous êtes pressé, alors vous le faites pour lui et il se fâche … ce qui provoque une réaction chez vous et une crise chez lui. Sachant que les enfants adorent faire d’eux-mêmes (surtout qu’au CPE, nous les encourageons à le faire), vous n’avez pas le choix de trouver un compromis ici. Pourquoi ne pas simplement lui dire ce que vous observez ??? Tu es capable de t’habiller tout seul et tu ne veux pas que je t’aide ? ou Tu es capable de te déshabiller tout seul et tu ne veux pas que je t’aide ? et aussi de lui donner vos attentes !!! Ok, je vois que tu veux le faire tout seul et moi je dois aller travailler. Que dirais-tu que je te laisse te déshabiller et que c’est moi qui range tes vêtements ? ou encore Ok, je sais que tu es capable de t’habiller … je te laisse mettre ton manteau et je t’aide pour la fermeture éclair  ? ou je te laisse mettre ton manteau et j’apporte ton sac ? C’est ce que j’entends par compromis = chacun de vous deux fait quelque chose pour aider l’autre … et ça donne l’impression à l’enfant qu’il peut faire des tâches seuls et vous, de votre côté, vous gagnez des minutes, surtout celles que vous perdiez à force de répéter et de gérer la crise !
  • il refuse de s’habiller, car il a vu une réaction chez vous !!! Vous savez, je le souligne souvent aux parents et aux éducatrices que les enfants ont des antennes, qu’ils sont capables de comprendre que certains de leurs comportements vous font réagir … et obtenir une réaction de votre part est d’une certaine façon un moyen pour obtenir de l’attention ! Même si ce besoin se manifeste dans une situation plus négative, votre enfant obtient quand même quelque chose … vous vous occupez de lui, même si vous êtes fâché. Alors, comment éviter ce cercle vicieux ? Il n’existe pas de recette miracle ! Au contraire, je vous dirai simplement de faire briller son étoile (son besoin d’attention) positivement. Vous pouvez, par exemple, encourager ses petits gestes positifs :
    Oh merci de ranger tes souliers;
    Merci de penser à prendre tes mitaines tout seul, ça m’aide !!!;

Vous pouvez aussi faire des petits gestes spéciaux comme aller chercher votre plus vieux en premier, prendre 1 ou 2 minutes seul avec lui pour qu’il s’habille et ensuite aller chercher votre plus jeune. Finalement, même s’il n’y a pas de recette magique, il y a quelque chose qui fonctionne presque tout le temps et c’est d’éviter de réagir, de se fâcher ou de le menacer de le laisser au CPE ! Votre enfant, s’il vous sent calme, disponible, il aura moins tendance à chercher votre attention négativement, car il en aura en vous sentant disponible. N’oubliez pas aussi de souligner et d’encourager ses bons gestes ou attitudes et de rester constant !! Si vous lui dites de ne pas fouiller dans les casiers des autres ou d’explorer les tableaux blancs dans les corridors (je sais !! Ils sont attirants pour les enfants qui veulent écrire dessus ou effacer les messages), c’est non une fois et non même s’il insiste !!! Quand l’enfant continue, c’est qu’il sait que parfois vous flanchez et que vous finissez par dire oui.

Bref, pour vivre des moments calmes et moins stressants, la clé du succès est de comprendre ce qui se passe et aussi de prendre 2 à 3 minutes pour dire ce que vous comprenez du comportement de votre enfant (c’est de l’écoute active) et de donner vos attentes ! Si ces dernières restent dans votre tête et que vous ne les verbalisez pas, comment croyez-vous que votre enfant les devinera ???

Médiagraphie

  • BOURCIER, Sylvie (2008). L’agressivité chez l’enfant de 0 à 5 ans, Éditions du CHU Sainte-Justine, Montréal.
  • BOURCIER, Sylvie (2006). Le grand monde des petits de 0 à 5 ans, Édition de l’Hôpital Saint-Justine, Montréal.
  • BOURCIER, Sylvie (2004). Comprendre et guider le jeune enfant à la maison, à la garderie, Édition de l’Hôpital Sainte-Justine, Montréal.
  • DUCLOS, Germain et Martin Duclos (2005). Responsabiliser son enfant, Les Éditions de l’Hôpital Sainte-Justine, Montréal.
  • MINISTÈRE DE LA FAMILLE ET DES AÎNÉS (2007). Accueillir la petite enfance, Le programme éducatif des services de garde au Québec, Québec.
  • RACINE, Brigitte (2008). La discipline, un jeu d’enfant, Les Éditions de l’Hôpital Sainte-Justine, Montréal.
  • RACINE, Brigitte. Coffrets DVD de ses conférences Éducoeur