La discipline est un mot dont la définition ne fait pas l’unanimité. Pour certains, elle signifie que le rôle de l’adulte est de tout contrôler ce que fait ou décide l’enfant. Dans cette optique, l’adulte croit que l’enfant doit obéir sans contredire ses parents et s’il ne le fait pas, il sera puni pour sa désobéissance. C’est ce qui est appelé le style autoritaire.
Pour d’autres, la discipline revêt un sens plus flou … ici, les parents manquent de fermeté et n’interviennent pas sur certains comportements de leurs enfants lors de situations qui méritent d’être guidées. Par exemple, s’ils détruisent délibérément la construction de blocs de leur frère ou s’ils frappent un de leurs amis, il arrive que le parent intervienne une journée, mais pas l’autre ou encore qu’ils disent quelque chose comme ah, c’est pas grave … Les parents attendent avant d’intervenir que le comportement soit vraiment dérangeant et répétitif ou que d’autres personnes de leur entourage leur demandent de le faire. Le style d’intervention ici est de type laisser-aller, car les consignes et le cadre ne sont pas précis, mis en place de manière constante et ils ne sont pas cohérents pour l’enfant à qui on dit oui une journée et non le lendemain.
Il est important de comprendre qu’une bonne discipline ne se limite pas à obliger un enfant à obéir toutes les fois que c’est exigé ou de faire le contraire, c’est-à-dire ne pas intervenir par peur de le froisser ou qu’il ne nous aime plus. Il est normal que l’enfant conteste ou transgresse parfois les règles qui lui sont imposées. Toutefois, si ce dernier vit avec des parents trop rigides ou au contraire trop souples, on risque de voir une escalade de comportements inacceptable, ce qui a pour effet de développer un sentiment d’incompétence aux parents. Alors, comment voir la discipline et comment l’appliquer pour ainsi voir des résultats positifs ?
Une définition de la discipline
En fait, ce qui définit la notion de discipline c’est notamment la notion de guider ou d’éduquer l’autre, de lui enseigner ou de lui faire apprendre les comportements attendus et acceptables. Cette définition s’explique par le fait que tous les enfants ne naissent pas avec des comportements acceptables. Ils les développent. Ce qui veut dire que le rôle des parents est de guider leurs enfants à les développer. Naturellement, cette évolution se fait graduellement, en fonction des habiletés et de la compréhension des enfants. Ainsi, il n’est pas réaliste de demander à un enfant de deux ans de partager ses jouets constamment toute la journée, car à cet âge, il est encore très égocentrique et centré sur lui-même. Il parle à peine et ne comprend pas encore que les autres ont aussi des besoins et des désirs. Le développement du langage et de l’empathie se fera graduellement. Pour y arriver, l’adulte doit expliquer à l’enfant comment les autres se sentent (ils sont contents ou ont de la peine) et comment fonctionnent les règles sociales. Ainsi, l’enfant se fera guider à faire des demandes et à accepter que les autres aussi aient le droit de choisir et de jouer avec les jouets de leur choix.
Vers une discipline positive
Guider son enfant vers des comportements acceptables, en lien avec ses propres valeurs, n’est pas une mince tâche. C’est un processus qui commence dès les premiers mois de vie et qui se continue tout au long de celle-ci. Elle a donc comme base quelques principes.
En voici quelques-uns :
Manifester des attitudes de respect, d’amour et d’écoute
Pour que votre enfant ait le goût de collaborer à vos règles, il faut tout d’abord que vous établissiez des liens affectifs d’amour et de respect avec ce dernier. En se sentant accueilli sans jugement, en sentant que vous l’écoutez, que vous le guidez au meilleur de vos connaissances et en sentant que vous le considérez comme étant un être fort important pour vous, il développera un lien d’attachement et aura confiance en vous, ce qui facilitera votre collaboration. N’oubliez pas que ce sentiment se développe dans les gestes et les moments qui ponctuent votre quotidien, notamment au travers des jeux et des différents moments de la journée passés avec votre enfant.
Définir des règles claires et cohérentes
Une règle est en fait une façon de fonctionner. Pour qu’elle soit efficace, elle doit être positive (Marche dans la maison au lieu de Ne court pas), adaptée (il est difficile de demander à des enfants de ne pas crier en jouant !) et expliquée. En comprenant les raisons qui la sous-tendent, les enfants sont plus enclins à la suivre … Attention ici !!! Ce n’est pas une recette magique ! Ce n’est pas parce que vous expliquez vos attentes aux enfants qu’ils vous écouteront du premier coup ! Ils doivent comprendre ce que vous attendez d’eux et doivent aussi se faire répéter les consignes, car dans le feu de l’action, ils ont tendance à les oublier !
Avoir un nombre limité de consignes
Trop de consignes, c’est décourageant ! Les enfants les oublient et se découragent, ne les suivent plus. Mettez en place que quelques consignes à la fois, les plus importantes à vos yeux ! Ainsi, si vous souhaitez inculquer le lavage des mains après la salle de bain ou encore vous souhaitez que vos enfants se fassent des demandes au lieu de s’arracher les jouets des mains, vous devez leur expliquer comment s’y prendre, encourager leurs efforts et les faire pratiquer très souvent, leur permettant ainsi d’intégrer vos attentes et de s’en rappeler. N’oubliez pas que ceci est aussi valable pour vous … connaissez-vous par cœur tous les Règlements et les Lois en application au Québec ? Non, naturellement et c’est pourquoi il existe des manuels et Internet pour les trouver ! Pourquoi faudrait-il alors demander aux enfants de se rappeler de toutes nos demandes et attentes ?
Donner clairement ses attentes et en valider leur compréhension
Pourquoi faut-il le faire ? Tout simplement parce que les enfants ne lisent pas dans nos pensées !! Un des principes de base de la communication est de s’assurer que l’autre comprenne notre message. Pour y arriver, il faut tout d’abord le dire et ensuite valider ce que l’autre a compris ! Si vous dites quelque chose comme Sois gentil avec ton frère, que pensez-vous que votre enfant comprend ici ? Être gentil, ça veut dire quoi exactement ? C’est trop flou et trop interprétable comme attente. À la place, dites exactement ce que vous attendez de votre enfant ! J’aimerais que tu demandes à ton frère le jouet au lieu de l’arracher de ses mains ou Quand tu joues avec ton frère, je m’attends à ce que tu lui parles au lieu de le frapper. Validez ensuite ce qu’il comprend, ce qu’il doit faire Quand tu veux un jouet, que dois-tu faire ? Vous allez alors l’aider à développer graduellement son autocontrôle …
Expliquer ce qui s’en vient
Pour développer le sentiment de sécurité affective, il est entre autres important de s’assurer que les enfants ne soient pas insécures. Pour les aider à avoir une belle confiance en eux, prenez quelques minutes pour leur dire ce qui se passe ou encore ce qui s’en vient comme événement. Par exemple, n’arrivez pas à la dernière minute en leur disant OK les enfants, rangez vos jouets, on s’en va faire l’épicerie ! Vous risquez ici d’obtenir une réponse comme Non ! Je ne veux pas y aller ou Non ! Je n’ai pas fini de jouer ! Prenez donc le temps de le dire en avance, de les avertir Les enfants, nous devons aller à l’épicerie. Nous partons dans 10 minutes. Ensuite, 5 minutes plus tard, retournez les voir pour leur dire qu’il ne reste que 5 minutes avant de ranger. Finalement, une fois les 5 minutes terminées, demandez-leur de ranger et de venir vous rejoindre. Encore ici, je tiens à souligner qu’il n’y a rien de magique avec cette façon de faire. Il est possible que vous viviez quand même de l’opposition, car le plaisir mène les enfants et ils n’aiment pas arrêter leurs jeux. Peut-être à ce moment leur proposer un compromis ? Ils pourraient continuer leurs jeux en revenant de l’épicerie (donc ils ne seraient pas obligés de tout ranger) ou encore apporter avec eux un jouet à l’épicerie ? C’est à vous de voir ce qui est possible de décider.
Prôner des règles conséquentes
Les conséquences logiques et naturelles sont celles reliées directement à l’acte ou au comportement de l’enfant. Elles ne sont pas punitives ou restrictives, mais valorisent plutôt chez l’enfant une prise de conscience où il apprend graduellement à assumer les responsabilités qui découlent de ses gestes et actions. Cette prise de conscience doit être logique ou naturelle. Ainsi, s’il renverse son verre de lait, il doit logiquement nettoyer son dégât ou encore, s’il a tout sorti ses jouets, il doit les ranger et non aller dans sa chambre en punition ! Si vous le punissez, il n’apprendra pas à ranger. Par contre, si vous lui expliquez que plus le rangement est long, moins de temps il aura pour jouer à autre chose, graduellement il verra un avantage à ranger plus souvent et rapidement.
Avoir une cohérence dans l’approche de la discipline en famille
Est-ce que votre approche de la discipline entre vous et votre conjoint est la même ? Il y a-t-il un des deux qui est plus tolérant que l’autre ou au contraire plus sévère ? Si c’est le cas, il serait plus aidant de trouver un juste milieu, car le fait d’être trop différent ne permet pas d’être efficace dans l’éducation des enfants et valorise la naissance de comportements inadéquats tout en consolidant leur durée. Ici, c’est une démarche d’adultes qui s’impose et elle demande, tout comme l’application de la discipline, de l’énergie et de l’investissement personnel.
Viser un juste équilibre dans la discipline
Lorsque, comme parents, vous vous appuyez sur des valeurs et des règles de conduite claires, vous verrez développer chez vos enfants la conscience morale (vers 5 ans) et le sens des responsabilités. Pour y arriver, ceci demande, autant chez les parents que chez les enfants, des moments d’échanges et de communication pour se mettre d’accord sur les règles familiales et les moyens pour les respecter. Étant donné que cette approche de la discipline demande un investissement pour les deux parties, plusieurs notions y sont attachées et doivent être comprises pour rechercher un équilibre satisfaisant et positif.
Médiagraphie
- DUCLOS, Germain et Martin Duclos (2005). Responsabiliser son enfant, Les Éditions de l’Hôpital Sainte-Justine, Montréal.
- RACINE, Brigitte (2008). La discipline, un jeu d’enfant, Les Éditions de l’Hôpital Sainte-Justine, Montréal.
- RACINE, Brigitte. Coffrets DVD de ses conférences Éducoeur.